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<Les carrières de poivre blanc>
La route est blanche,
Poussiéreuse et penchée.
A l'ombre des lauriers,
Bringuebalant
Gracieusement,
La vie est molle et rebondie,
Cahotante, approfondie,
Sonnante et assoupie,
Lancinante
Comme une vieille femme rassurante,
A qui la
Vie suffit,
Qui en son sein amortit,
Les cahots,
Les ennuis,
Dont les oreilles ont bien grandi.
On me l'a bien enseigné
Mais encore faudrait-il
L'éprouver,
Il y a du bon
dans le mauvais.
Dans mon chantier,
Quelqu'un s'est un
Peu trompé,
A mal calculé, mais
Il y a des bras, beaucoup de bras
pour remédier à ça.
Et je vois
Qu'il y a peu
De repos
Dans les remous de cerveau,
Dans les plis,
les replis
de mes tissus cervicaux.
<Le grand circuit>
J'ai cru que j'avais bien changé, la route je l'avais avalée,
J'ai cru que j'avais avancé, le paysage avait changé,
J'ai cru que j'avais bien changé, la route je l'avais avalée,
J'ai cru que j'avais avancé le paysage avait changé.
Mais j'ai dû manquer d'attention, j'ai dû rater une jonction,
Mais j'ai du manquer d'attention, j'ai dû rater une jonction.
L'aiguillage m'aurait échappé, je ne sais pas ce qui s'est passé, L'aiguillage m'aurait échappé, je ne sais pas ce qui s'est passé,
Mais je me retrouve comme si la route était annulée,
Comme si tout avait été effacé, comme en circuit fermé.
J'ai dû tourner en rond, je n'ai pas pris assez de précautions, J'ai dû tourner en rond, je n'ai pas pris assez de précautions.
Les planètes bien alignées sont maintenant désordonnées,
Les planètes bien alignées sont maintenant désordonnées.
Cet endroit est bien désolé, il est comme moi, vous savez,
Cet endroit est bien désolé, il est comme moi, vous savez.
Le regard lourd, l’œil égaré, il va bien falloir continuer,
Le regard lourd, l’œil égaré, il va bien falloir continuer,
Le regard lourd, l’œil égaré, il va bien falloir continuer,
Le regard lourd, l’œil égaré, il va bien falloir continuer.
<Les oiseaux>
Ce n'est pourtant pas la peine de changer,
Continuons comme au passé.
Il y a bien quelque chose à conserver,
Il faudra juste se méfier.
Continuons à balancer,
Soyons consolés.
Il faudra ralentir patiemment
Le rythme des battements,
Le cours de mes pensées, tout désengorger
et puis laisser les humeurs s'écouler.
Comme on a parfois décomposé le chant précipité
des oiseaux pour le mettre à sa portée
Et pour considérer
Ce qu'il a d'enveloppant
de souple et léger.
Quand j'avance et quand je comprends mieux,
Je suis en route vers le vieux.
Une ombre au fond des yeux,
Mais au coin de l'un d'eux,
Un pli gracieux.
Un pli à qui la vie suffit,
Qui a compris et qui dit :
On ne peut pas changer, oui, mais,
On peut s'apprivoiser.
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